Xavier Leinekugel et al. dans Neuropsychopharm.
Offensive sur le syndrome de l’X fragile et de l’autisme : une étude qui conforte la théorie de la défensive sensorielle et la possibilité d’un traitement pharmacologique.
Maria Isabel Carreno-Munoz, Fabienne Martins, Maria Carmen Medrano, Elisabetta Aloisi, Susanna Pietropaolo, Corentin Dechaud, Enejda Subashi, Guillaume Bony, Melanie Ginger, Abdelmalik Moujahid, Andreas Frick & Xavier Leinekugel (2017). Potential involvement of impaired BKCa channel function in sensory defensiveness and some behavioral disturbances induced by unfamiliar environment in a mouse model of FXS. Neuropsychopharmacology, Jul 19 (in press)https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28722023
Xavier Leinekugel du Team ‘Cortical plasticity’, Neurocentre Magendie
Le syndrome de l’X fragile est une maladie neurodéveloppementale et la principale cause génétique d’autisme. Dans une publication qui vient de paraitre dans la revue Neuropsychopharmacology, le groupe de X. Leinekugel (Neurocentre Magendie, équipe A. Frick) donne corps à une hypothèse clinique dite de « la défensive sensorielle », ainsi qu’une piste de traitement pharmacologique potentiel. Les patients atteints du syndrome de l’X fragile présentent des troubles de la perception, au point de préférer s’isoler (socialement, voire mentalement) plutôt que de souffrir les stimulations sensorielles de toutes sortes (c’est à dire aux sons, images, contacts physiques) qui font partie d’une vie normale. Dans son travail de thèse sous la direction de X. Leinekugel, Maria Isabel Carreno Munoz et l’équipe d’Andreas Frick montrent pour la première fois que les souris de la lignée Fmr1-KO, principal modèle du syndrôme de l’X-fragile, souffrent d’un déficit d’habituation responsable de troubles du comportement lorsqu’elles sont confrontées à un changement de leur environnement habituel. L’équipe d’A. Frick avait déjà défrayé la chronique il y a quelques années en démontrant l’efficacité d’une drogue agoniste des canaux BK-Ca (le BMS-204352) pour restaurer une excitabilité neuronale normale et contrôler l’hypersensibilité sensorielle des souris Fmr1-KO, une réalité clinique à la base de la théorie de la défensive sensorielle.
La thèse de M.I. Carreno Munoz, soutenue en septembre 2017 franchit une nouvelle étape, en montrant que la même drogue rétablit un comportement normal chez les souris Fmr1-KO exposées à un changement d’environnement, suggérant que la restauration d’une sensibilié sensorielle normale est bénéfique pour corriger des anomalies comportementales très indirectement liées à la perception sensorielle. Ces résultats confortent donc la théorie clinique de la défensive sensorielle, ainsi que les perspectives d’un traitement pharmacologique possible en ciblant des canaux potassiques qui contrôlent l’excitabilité neuronale.
Mise à jour: 05/04/18