Prix Marcel Dassault « Chercheur de l’Année » à Joel Swendsen
Le 2 décembre 2014
Le prix Marcel Dassault « Chercheur de l’Année » vient d’être décerné par la Fondation Fondamental au psychologue Joël Swendsen de l’Institut de Neurosciences Cognitives et Intégratives d’Aquitaine (CNRS UMR5287). Reconnu internationalement comme expert dans l’application des technologies mobiles pour les troubles mentaux sévères, ses recherches permettent aux patients de fournir des informations sur l’expérience des symptômes et des facteurs de risque en temps réel et dans des conditions naturelles de la vie quotidienne. De cette manière, les travaux de Joël Swendsen ont pu surmonter les barrières méthodologiques qui entravent la recherche clinique et qui empêchent les interventions avec les patients aux moments où elles sont le plus utiles. Ses derniers projets ont démontré la façon dont les technologies mobiles peuvent contribuer à la médecine personnalisée en fournissant des interventions adaptées à chaque patient, et en offrant des informations nécessaires pour mieux comprendre le sens et l’impact des marqueurs biologiques du cerveau identifiés par la neuroimagerie.
Joel Swendsen a effectué ses études en psychologie clinique à l’Université de Californie Los Angeles (UCLA) et en épidémiologie psychiatrique à l’Université de Yale. Il est actuellement Directeur de Recherche au CNRS, où il codirige l’équipe Neuroimagerie et Cognition Humaine avec le Pr. Igor Sibon. « Alors que des milliers de chercheurs du monde entier travaillent sur ces mêmes sujets en psychiatrie et en neurologie, il est particulièrement surprenant de constater que les mêmes débats relatifs à l’étiologie ou le traitement de ces troubles persistent au fil des ans » explique Joël Swendsen. « Ce problème résulte en grande partie des barrières méthodologiques qui entravent leur étude ou prise en charge, connues, mais toujours mal maîtrisées. Surmonter ces obstacles est un objectif principal de notre équipe ».
Surmonter la barrière du temps
Les troubles mentaux et neurologiques sont souvent caractérisés par un ‘cycle de vie’ très court par rapport à la période dans laquelle un facteur de risque peut influencer la sévérité des symptômes ou l’expression d’un comportement anormal. De tels phénomènes sont observables sur des périodes souvent limitées, de quelques minutes à quelques heures, tandis que la plupart des méthodologies longitudinales appliquent les bilans sur des intervalles beaucoup plus longs (semaines, mois, années). Il est par conséquent difficile ou impossible de déterminer comment ces mécanismes fonctionnent, information nécessaire pour le développement de traitements efficaces. L’équipe de Joël Swendsen utilise les technologies mobiles telles que les smartphones pour permettre la collecte des informations à plusieurs reprises dans la journée et ainsi d’étudier ces phénomènes dynamiques, chose souvent impossible dans les hôpitaux ou cliniques.
Surmonter la barrière du contexte
« Malgré les contributions importantes des études effectuées dans un laboratoire ou hôpital, elles restent limitées aux observations effectuées dans le même environnement. Pour cette raison, une deuxième entrave de la recherche sur ces troubles concerne la validité écologique des données ». Les recherches de Joël Swendsen permettent ainsi la collecte d’un échantillon représentatif des états mentaux et des comportements dans des contextes authentiques de la vie quotidienne. L’utilisation de cette approche permet de comprendre les conditions naturelles dans lesquelles les symptômes du patient sont plus ou moins susceptibles de s’exprimer, tout en intégrant la spécificité de ces informations pour chaque individu.
Surmonter la barrière des soins
« Le but final n’est pas seulement de comprendre les maladies psychiatriques ou neurologiques » explique-il, « …mais de mieux traiter et de prévenir ces troubles ». On demande à tout patient soigné de s’impliquer dans son traitement, il doit comprendre l’importance de l’observance du régime médicamenteux ou de la performance des exercices psychothérapiques, par exemple. Cependant, la très grande majorité de ce travail n’est pas effectuée sous la surveillance directe d’un clinicien, mais plutôt quand le patient est seul à la maison, au travail, ou dans sa vie quotidienne. « C’est exactement à ces moments-là que le patient est le moins accompagné ». L’équipe de Joël Swendsen tente ainsi de répondre à ce besoin avec des interventions administrées par des technologies mobiles et qui peuvent être spécifiques à chaque individu. Grâce à cette approche, la prise en charge des patients peut-elle être améliorée, et, l’objectif de la médecine personnalisée, atteint de manière plus efficace.
Description du prix Marcel Dassault de la Fondation FondaMental
Le Groupe Dassault s’engage pendant trois ans auprès de la Fondation FondaMental pour soutenir la recherche sur les maladies mentales, à travers la création d’un Prix.
Le Prix Marcel Dassault pour la recherche sur les maladies mentales, doté de 150.000 euros par an, distingue deux catégories: la catégorie « Chercheur de l’année » récompense une personnalité scientifique française s’étant distinguée pour l’importance comme pour la qualité de ses travaux de recherche en psychiatrie (15 000 euros) ; la seconde catégorie soutient un « Projet d’innovation » (135 000 euros).
Mise à jour: 16/11/20