Lieu : Cap Sciences
Hangar 20 – Quai de Bacalan
Bordeaux
Conférence grand public, accès libre sans réservation dans les limites des places disponibles.
Par Eric Houdeau
Directeur de recherche
Inrae – Laboratoire Toxalim (Toulouse)
Expert en toxicologie alimentaire
Dans le cadre de la conférence internationale « Neurofood »
Résumé
Cette conférence s’appuiera sur des questions d’actualité en prenant l’exemple des additifs alimentaires contenant des nanoparticules (particules ultrafines de dimension inférieure à 100 nanomètres), leur devenir et leurs effets dans l’intestin une fois consommées avec des aliments communs (plats préparés, confiserie, pâtisseries etc…), leur passage dans le sang et vers d’autres organes et… pourquoi pas vers le cerveau justement ! Quelles sont les questions posées par leur taille et leur nature chimique (titane, silice…) ? Notre organisme peut-il les éliminer ? L’enfant à naître peut-il être contaminé par l’alimentation de sa mère pendant la grossesse ? En prenant l’exemple bien connu du dioxyde de titane (colorant blanc E171), pourquoi cet additif est-il aujourd’hui interdit en Europe (depuis 2022) et non dans d’autres pays ? Et pourquoi seulement dans l’aliment et les compléments alimentaires, mais pas dans les médicaments et dentifrices ? Enfin quid des autres additifs nanoparticulaires, pourtant tout autant consommés sinon plus ? Autant de questions où il est difficile pour le consommateur de faire la part des choses et de se rassurer sur « sa façon de manger » au quotidien.
A propos
Additifs alimentaires : réglementations et place du consommateur
Environ 350 additifs alimentaires sont autorisés en Europe. Autant d’évaluations par les Autorités sanitaires (ANSES en France, EFSA pour l’Europe) lorsqu’il s’agit de santé publique et d’alimentation, une démarche qui nécessite leur réévaluation régulière à la lumière de nouvelles données scientifiques. Si le titre se veut à double sens, c’est qu’il s’inscrit dans un process de transformation des aliments frais (multi-étapes et à différents degrés) pour rendre les produits finis toujours plus attractifs et gustativement meilleurs (colorants, agents de brillance, exhausteurs de goût), faciles à conditionner et à préparer (texturants, antiagglomérants), tout en les conservant plus longtemps (conservateurs, antioxydants). Le consommateur le souhaite-t-il systématiquement ? A-t-il été concerté ? Si l’ajout d’additifs respecte les réglementations en vigueur, leur déploiement est plus ou moins large selon le degré de transformation des denrées, très souvent en mélange et parfois… avec quelques contournements ! La recherche en toxicologie alimentaire et les agences déploient des moyens considérables dans le but d’aider les pouvoirs publics à faire le tri entre ce qui peut être effectivement autorisé pour être consommé au quotidien et le risque éventuel d’une trop forte ou trop longue exposition selon l’âge du consommateur (bébés, enfants, adultes). Entre les notions de « danger » (par défaut supposé, donc à tester avant autorisation) et de « risque » (risque t-on cet éventuel danger selon notre niveau d’exposition ?) existe tout un monde complexe fait de « lignes directrices », de doses journalières dites « admissibles » et de durées d’exposition (aigues ou chroniques) dans lequel le consommateur doit placer toute sa confiance… jusqu’à quel point ? Pourquoi tant d’alertes dans les médias ? Y a t-il des failles dans le système ? Entre l’innocuité réelle à être consommé (la plupart des additifs sont effectivement safe !), la notion de « principe de précaution » et les incohérences entre Autorités sanitaires de divers pays… il y a de quoi se perdre !
Bio
Eric Houdeau est Directeur de Recherche INRAE au Centre de Recherche en Toxicologie Alimentaire (TOXALIM, Toulouse). Formé en physiologie, endocrinologie et toxicologie, il a créé et dirige l’équipe ENTeRisk (Endocrinologie et Toxicologie de la barrière intestinale) dédiée aux risques émergents dans l’alimentation humaine (nanoparticules, perturbateurs endocriniens). En 2010, il a été le premier à démontrer les effets du bisphénol A (BPA) sur l’intestin et son système immunitaire, avec des impacts à vie lorsque l’exposition commence in utero. Depuis 2013, il développe des programmes nationaux/internationaux en Nanotoxicologie sur le devenir et les effets de nanoparticules utilisées dans le secteur agroalimentaire, dans l’exemple du dioxyde de titane (additif alimentaire E171). Ses recherches ont permis d’interdire en France le BPA dans les matériaux en contact avec les aliments (2010 dans les biberons, 2015 dans tous les plastiques alimentaires), puis du E171 dès 2020. Expert à l’ANSES et membre du Panel d’experts EFSA dédiés aux additifs alimentaires, il contribue à fournir des données scientifiques nécessaires à l’évaluation des risques liés aux substances chimiques présentes dans l’alimentation et à l’élaboration de politiques publiques communes dans l’UE en matière de sécurité sanitaire.