Alzheimer: pourquoi les femmes sont-elles plus exposées que les hommes ?

Quatrième cause de décès en France

Source: par Raphaëlle de Tappie (sur Fréquence Médicale.fr)
(Extraits)

Sex differences in Alzheimer disease — the gateway to precision medicine. Maria Teresa Ferretti et al. Women’s Brain Project and the Alzheimer Precision Medicine Initiative. Nature Reviews Neurology (2018)

Les travaux, réalisés par l’organisation internationale Women’s Brain Project (WBP) sont parus dans la revue spécialisée Nature.

Plusieurs facteurs de risque ressortent, notent les chercheuses du WBP. Tout d’abord, l’âge. En effet, plus on vieillit, plus on a de risque de développer la maladie d’Alzheimer or les femmes vivent plus longtemps que les hommes, six ans de plus en moyenne en France. « De fait, à 70 ans le nombre de femmes atteintes est deux fois supérieur à celui des hommes, et à partir de 80 ans le ratio monte à deux-tiers environ, en accord avec les chiffres pour l’Australie et les USA. Il s’agit donc d’une observation générale », note André Nieoullon, professeur de neurosciences à l’université d’Aix-Marseille, interviewé par Atlantico.

La dépression est un autre facteur de risque : cette maladie psychologique est liée à Alzheimer or les femmes y sont plus sensibles. En effet, en France, pour deux hommes touchés par un épisode dépressif, il y a entre 3 et 4 femmes.

Les études sur Alzheimer n’incluent pas assez de femmes dans leur panel
Mais la maladie d’Alzheimer est pour l’heure incurable, et, pour les chercheuses du WBP, les recherches de médication échouent car elles manquent de ressources financières et n’incluent pas assez de femmes dans les expériences. « Comme les femmes sont plus touchées par la maladie, il faut enquêter sur les différences spécifiques entre les hommes et les femmes », s’insurge Antonella Santuccione-Chadha, une physicienne spécialisée sur la maladie et co-fondatrice de WBP.

Pour Maria Teresa Ferretti, il est indispensable de faire de la « prévention plus spécifique par sexe afin de donner plus d’informations sur les facteurs de risque qui concernent les femmes ». Mais grâce aux études réalisées ces dernières années, « on peut faire de nouvelles hypothèses et trouver de nouvelles façons d’améliorer le traitement des patients et patientes », se félicite-elle toutefois.

Car tout n’est pas perdu. En effet, au Royaume-Uni, les nouveaux cas d’Alzheimer ont diminué de 20% depuis vingt ans,majoritairement chez les hommes de plus de 65 ans. Pour André Nieoullon, cela pourrait être expliqué par l’impact bénéfique des campagnes de prévention contre le tabac et les problèmes cardiaques, facteurs de risque très importants dans la maladie.

« Ce résultat est tout à fait considérable et amène à conclure que si les chercheurs ne connaissent toujours pas les causes ni les traitements de la maladie d’Alzheimer, qui ne pourrait représenter que 2/3 de l’ensemble des états démentiels et des atteintes cognitives, alors en tout état de cause la situation s’améliorerait néanmoins, non pas par la découverte d’un médicament spécifique toujours attendu mais bien par la prévention et la prise en charge de pathologies associées qui représentent de vrais facteurs de risques pour le fonctionnement du cerveau », conclut-il…

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Publication: 19/07/18
Mise à jour: 11/09/18