Dès le 19ème siècle, les médecins bordelais se sont intéressés au cerveau et à ses maladies, notamment à l’hypnose et au langage. Jusqu’au milieu du 20 e siècle, on trouve à Bordeaux des grands noms de la neurologie française qui s’attachent à relier la neuropsychiatrie et la médecine. Premier de ce type en France, le centre Jean Abadie, inauguré en 1956, rassemble en son sein la recherche expérimentale et la clinique. Il est financé par les collectivités locales, sous la direction de Jacques Chaban-Delmas. Dans les années 1960-1970, des unités de recherche CNRS, Inserm et des universités de Bordeaux sont créées.
Le 1er janvier 1994 naît à Bordeaux l’institut fédératif de recherche (IFR) en neurosciences cliniques et expérimentales. Il regroupe des équipes, laboratoires ou départements de 5 partenaires : université Bordeaux II, CNRS, Inserm, CHU de Bordeaux et CH Charles Perrens. Environ 200 personnels le constituent.
Bien que non présente dans l’IFR, l’université Bordeaux I joue aussi à cette époque un rôle primordial dans le domaine de la recherche sur le cerveau. La communauté des neurosciences locales, à Bordeaux mais aussi à Arcachon, produit une recherche déjà reconnue internationalement.
L’objectif des IFR, créés à l’initiative de l’Inserm en 1994, est alors de regrouper autour une stratégie commune de recherche et sur un même lieu géographique (ou exceptionnellement en réseau), un ensemble d’équipes relevant d’organismes de recherche, des universités et des hôpitaux et permettant d’établir, à l’échelle la mieux adaptée, les liens nécessaires entre les partenaires, tout en conservant leurs spécificités aux unités fédérées. Ce regroupement va de pair avec un financement très important des pouvoirs publics.
En parallèle se développe le projet de construction de l’Institut François Magendie, inauguré en 1997. S’y installent au fil des ans plusieurs laboratoires de l’Inserm et du CNRS.
La communauté se restructure au début des années 2000 pour regrouper l’ensemble des laboratoires de neurosciences de Bordeaux, en accueillant les équipes de l’université Bordeaux 1. Toutes ces années, les objectifs – de favoriser l’animation scientifique et la collaboration entre équipes, de mise en commun de plateaux techniques, de regroupement géographique, de développement de la formation, continuent de se concrétiser.
En 2008, le lancement du projet Neurocampus, qui inclut un investissement massif – achat de matériel de pointe, construction du centre Broca Nouvelle-Aquitaine qui sera inauguré en 2017, accueil de nouvelles équipes – est l’aboutissement d’une rencontre, impulsée par le Conseil régional, avec tous les acteurs régionaux du secteur pour bâtir une stratégie de développement des neurosciences en Aquitaine.
C’est en 2013 que la structure fédérative prend le nom de Bordeaux Neurocampus. L’essor se poursuit et les regards nationaux comme internationaux ne cessent de se tourner vers elle. Ainsi lors de la campagne de recrutement de nouveaux chefs d’équipe de 2016 à 2019, ce sont pas moins de 242 candidatures provenant de 42 nationalités différentes qui seront reçues. Le développement de l’Ecole des Neurosciences de Bordeaux, le Master Neurasmus, puis la création de l’école universitaire de recherche en Neurosciences (EUR Neuro) installe de surcroît durablement le site bordelais sur la carte mondiale de la formation en neurosciences.
En 2019, avec la restructuration de l’université de Bordeaux, Bordeaux Neurocampus en devient l’un des onze départements de recherche.
Suite à l’installation de l’INCIA – et notamment ses équipes situées sur le campus de Talence – dans un nouveau bâtiment, le Bordeaux Biologie Santé (BBS, qui intègre également une plateforme commune INCIA – Nutrineuro : Circé), toutes les équipes de Bordeaux Neurocampus sont désormais regroupées sur le campus Carreire, qui jouxte le CHU et le centre hospitalier Charles Perrens.
La construction d’une communauté de recherche en neurosciences comme celle de Bordeaux Neurocampus, est une aventure de longue haleine, fondée autant sur des forces historiques de l’Aquitaine, que sur l’ouverture et l’accueil de chercheurs d’horizons géographiques variés, qui ont fait émerger et enrichi de nouveaux champs de recherche. Cette construction n’aurait pas été possible sans la vision collective et l’implication opiniâtre de nombreux acteurs, et l’aide considérable du Conseil Régional, et l’aide constructive de l’Université et des organismes de recherche et des ESR.
La structure fédérative, puis le département de recherche, ont été successivement dirigés par :
Michel Le Moal (1994-1998)
Jean François Dartigues (1999)
Dominique Poulain (2000-2002)
Bernard Bioulac (2003-2009)
Christophe Mulle (2010)
Jean Marc Orgogozo (2011-2014)
Christophe Mulle (2015 – 2018)
Nathalie Sans (2019 – 2022)
Jérôme Baufreton (Depuis 2022)
Quelques dates clés
1994 : Création de l’IFR en neurosciences cliniques et expérimentales
1997 : Inauguration de l’Institut François Magendie
2003 : L’IFR devient une structure fédérative de recherche universitaire : l’Institut des Neurosciences de Bordeaux
2008 : Création du Bordeaux Imaging Center, né de la fusion des pôles d’imagerie
2011 : Création du laboratoire d’excellence (LabEx) BRAIN, sélectionné dans le cadre du programme Investissement d’Avenir, avec l’obtention d’un financement de 20 millions d’euros sur 10 ans
2011 : Restructuration des unités de recherche
2011 : Création d’un pôle de recherche clinique en neurosciences
2013: Création de l’Ecole des Neurosciences de Bordeaux
2013: Le nom de la structure fédérative de recherche devient Fédération Bordeaux Neurocampus
2014 : Fusion des universités Bordeaux I, II et IV
2017 : Inauguration du centre Broca Nouvelle-Aquitaine
2018 : Création de l’EUR Neuro
2021 : BRAIN_2030 est l’un des 7 grands programmes de recherche (GPR) de l’université de Bordeaux
2022 : L’Ecole des Neurosciences de Bordeaux devient une Unité de Service de l’université de Bordeaux, hébergée au CGFB
2023 : Ouverture du bâtiment BBS
Bordeaux Neurocampus aujourd’hui
Aujourd’hui constitué 56 équipes dans 6 instituts de recherche, d’une vingtaine de plateformes et de plus de 750 personnels de recherche regroupés sur un même site géographique, Bordeaux Neurocampus est l’un des fleurons scientifiques locaux. Les neurosciences locales sont très fortement soutenues par le conseil régional et ont identifiées comme l’un des 11 pôles de compétitivité de Bordeaux Métropole. Ce domaine est aussi l’un des 7 grands programmes de recherche de l’université de Bordeaux.
À la pointe de la recherche sur le cerveau et ses pathologies, Bordeaux Neurocampus compte parmi les tout premiers pôles européens de recherche en neurosciences, du niveau moléculaire au patient. Les travaux de ses scientifiques permettent d’avancer dans la connaissance du fonctionnement du cerveau, qu’il soit sain ou malade, et de développer de nouvelles approches à la fois thérapeutiques et préventives des maladies qui le touchent. Leurs travaux ont fait leurs preuves au vu de l’excellence des résultats scientifiques, régulièrement publiés dans des journaux internationaux de renom comme Nature ou Science.
L’accès à des installations et à des équipements sophistiqués, couplé à la multidisciplinarité des travaux de recherche menés à la croisée des domaines de la neurologie, de la psychiatrie, de la neurophysiologie, de la physique, de la chimie ou des sciences humaines, sont des facteurs d’excellence. L’ouverture à l’international est aussi un point fort de Bordeaux Neurocampus : des travaux de recherche collaboratifs sont développés avec des pays du monde entier. De nombreux doctorants et post-doctorants français et internationaux intègrent les laboratoires de Bordeaux Neurocampus du fait de l’excellente qualité des formations proposées et du dynamisme de ses équipes.